Khalifa Haftar
Khalifa Haftar de son vrai nom Khalifa Belqasim Haftar Alferjani, est né le 7 novembre 1943 à Ajdabiya, ex-général du régime de Kadhafi, il a vécu en exil aux USA de 1990 à 2011, il est maréchal et commandant en chef de l'Armée nationale libyenne (ANL) depuis 2015. Rentré au pays en 2011, il soutient l’insurrection contre le dictateur et après sa destitution, il accentue son aspiration de prendre le contrôle politique de la Libye et de l'armée rebelle. Nommé le 18 novembre 2011 chef de l'état-major de l'armée, il a en outre lancé en 2014 l' "Opération Dignité" qui est un projet militaire anti-islamiste et il réussit d'ailleurs à s’imposer à Benghazi, capitale de l’Est, et contrôle encore actuellement une grande partie du territoire. En 2019, Il se pose donc en rival du gouvernement central et lance ses combattants à la conquête Tripoli (ouest), siège de l'ex-gouvernement d'union reconnu par l'ONU. La victoire semblait à portée de main. Mais ses troupes sont repoussées en juin 2020 par les forces rivales. Le gouvernement de Tripoli reçoit le soutien militaire de la Turquie. Les combats feront plus de 3000 morts. En effet, le 16 mars, une autorité de transition élue, composée d'un gouvernement d'union et d'un conseil présidentiel, a pris ses fonctions pour conduire le pays aux élections législatives et présidentielle prévues le 24 décembre 2021.
Ses soutiens
L’élément important est bien le fait qu'il réussisse à réunir l'armée libyenne appelée LNA (Libya National Army), qui est composée principalement d'ex-militaires de Kadhafi et sécessionnistes ( il se fait appeler le "commandant en chef de l'armée nationale libyenne", disputant les prérogatives du Conseil présidentiel.) à des groupes souvent motivés par des intérêts particuliers, tels que la National Petroleum Guard ou aussi à certaines milices mercenaires. Mais fondamental a été le soutien reçu de l'international.
L'Egypte
Depuis la chute brutale de l'ancien dirigeant libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, et de son régime en 2011 La Libye est vue par l'Egypte comme la maison d'à côté en feu et qui na pas de pompiers à qui faire appel pour éviter une catastrophe aussi imminente et qui peut en même temps l'engloutir elle et toute sa famille. Les deux pays voisins se partagent une frontière longue de 1 100 km. La Libye étant divisée entre un Occident dominé par les islamistes et un Orient anti-islamiste, il était donc naturel que l'Egypte et son président Abdel Fattah al-Sissi, également opposé à la confrérie des Frères musulmans qui le fragilise au sein même de ses frontières et qui les avait qualifié d'organisation terroriste, soutienne le maréchal Khalifa Haftar celui là qui est considéré comme le seul qui peut instituer une forme de stabilité sur le territoire Libyen et qui avait déclaré la guerre aux islamistes en Libye. En les combattant et en débarrassant Benghazi et d'autres grands centres urbains de l'est et du sud des militants islamistes.
Emirats Arabes Unis
Le soutien militaire et financier d’Abou Dhabi aux côtés du maréchal Haftar était indéfectible depuis 2014. Car les Émirats arabes unis sont également opposés aux Frères musulmans. Une implication qui a été pointée à plusieurs reprises par les rapports des Nations unies. Cependant, depuis mai 2020 et la perte de la bataille de Tripoli, un froid s’est installé dans leurs relations. Abou Dhabi a perdu confiance dans les capacités militaires du maréchal. Ceci a abouti à une demande de licenciement de 5 000 mercenaires soudanais et tchadiens. Des forces suppléantes de l’Armée nationale libyenne dirigée par Khalifa Haftar et financées par les Émirats.
L’Arabie Saoudite
Les pétromonarchies du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, considèrent l’islam politique incarné par les Frères musulmans, et soutenu par le rival qatari, comme un ennemi de premier plan. Sur l’échiquier libyen, Riyad a trouvé son champion avec le maréchal Khalifa Haftar, qui se présente comme l’unique rempart contre les islamistes, accusés par les pays du Golfe d’avoir semé le chaos dans le monde arabe pendant la vague révolutionnaire de 2011. L’homme fort de l’Est libyen a été reçu par le roi Salmane en personne, même si Riyad reste focalisé sur la guerre au Yémen et laisse son allié émirati en première ligne sur ce dossier.
Les États-unis
Les Américains, neutres jusqu’ici, ont récemment basculé dans le camp des soutiens du maréchal après un entretien téléphonique, le 19 avril, entre Donald Trump et Khalifa Haftar, qui a vécu plusieurs années en exil aux États-Unis. Et ce, au titre "d’une vision commune" pour un avenir démocratique en Libye, selon les termes de la Maison Blanche. Washington a même salué le "rôle significatif du maréchal Haftar dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des ressources pétrolières de Libye". Ce soutien diplomatique s’est manifesté concrètement avec la décision américaine de bloquer, début juillet, une condamnation internationale du raid sanglant en Libye contre un camp de migrants, attribué aux forces de Khalifa Haftar par ses ennemis. Le nouveau président élu Joe Biden en matière de politique étrangère, et plus précisément sur la question libyenne semble plus aussi enclin au rétablissement d’une forme d’interventionnisme.
La France
En 2011, la France, alors sous la présidence de Nicolas Sarkozy est à l’origine de l’intervention militaire qui a provoqué la chute du colonel Kadhafi. Depuis, elle est omniprésente en Libye. Officiellement, au niveau diplomatique, Paris soutient le processus de paix de l'ONU entre les deux parties rivales, et s’est même positionnée comme une puissance médiatrice dans le conflit en organisant une rencontre entre Khalifa Haftar et Fayez al-Sarraj en juillet 2017, puis en mai 2018. En vain. D’autant plus que le GNA de Fayez al-Sarraj accuse les autorités françaises de jouer "double jeu" en Libye, et de soutenir en coulisses son rival.
Le gouvernement français a reconnu avoir fourni des renseignements au maréchal Haftar, qu’elle considère comme un allié de poids dans la lutte antiterroriste et antijihadiste. En 2016, trois militaires français avaient péri lors d'une mission de renseignement dans l'Est. Et l'offensive de l’ANL dans le Sud libyen, en janvier, a permis de chasser les opposants armés du président tchadien Idriss Deby, le premier allié du dispositif français Barkhane au Sahel. Paris réfute cependant tout soutien militaire à l’ANL dans son offensive contre Tripoli, et le président Emmanuel Macron a appelé à un cessez-le-feu. La position de la France a cependant été mise à mal après que le gouvernement eut admis que des missiles "hors d’usage" découverts dans une base de l’ANL près de Tripoli lui appartenaient, tout en réfutant les lui avoir fournis.
La Russie
En partie formé en Russie, Khalifa Haftar s’est rendu à plusieurs reprises à Moscou ces dernières années. Il a été officiellement adoubé par la Russie lors d’une cérémonie en grandes pompes à bord du Kouznetsov, le porte-avions russe, en janvier 2017. Le Kremlin, tout en reconnaissant officiellement, à l’instar de la communauté internationale, l’autorité du GNA, a bloqué le 7 avril une résolution à l’ONU qui appelait les forces du maréchal Haftar à cesser leur assaut contre la capitale libyenne. Les Russes ont considéré que "toutes les parties" devraient être appelées à la retenue pour éviter "un bain de sang".
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